La guerre de Kaldrass, pas la mienne ...

« Il est temps de s’organiser et de se préparer à de durs combats. Les hommes de Galoregor ont prouvé leur faiblesse, en laissant de vils gobelins envahir le royaume! Nous pouvons leur reprendre si nous décidons d’unir nos forces… leur armée est bien structurée et leurs défenses sont dures à percer, mais avec de bonnes stratégies et le bon droit de notre côté, nous vaincrons!

Gardez la tête haute mes frères! Nous marcherons sur Nedmor!!! »

Je restais là, assise sur mon bout de caillou, loin de toute cette troupe de badauds en quête de gloire et de reconquête. Les paroles du Prince étaient belles et pleines de sincérité, mais elles ne m’ont même pas tiré une larme, ni le moindre sourire, seulement un vague murmure pour moi-même dont personne n’entendit le moindre mot …

Tout en me levant je pris ma barbute et ceignit mon épée à ma ceinture, il était plus que temps pour moi de rejoindre l’auberge. Je fis quelques pas en direction de la sortie, puis m’arrêtant un instant, je regardais en arrière et y vis un Prince plein de bonté qui serrait des mains a tout va et embrassait sur le front des bébés que leurs mères lui tendaient… Il était tout pour eux, Il n’était rien pour moi…

Je repris alors ma route, jetant 2 ou 3 coups d’épée dans le vide pour faire fuir les quelques coqs sauvages qui essayaient de me mettre des coups de bec. J’arrivais alors à l’auberge, vide bien sûr, car tout le monde était partit à la rencontre de Prince, non… à la rencontre de leur Prince…

Jetant les quelques piécettes d’or sur le comptoir de l’aubergiste absent, je me mis a gravir les marches de l‘escalier en bois en direction de ma chambre. Mes mains tremblaient sur la rambarde car je repensais à une partie du discours de Kaldrass …

« Nombreux sont ceux qui sont tombés au combat, nous devons gagner cette guerre en leur mémoire! »

Le pauvre fou, que faisait-il quand tous ces gens se battaient pour lui, que faisait-il quand … quand Sophia s’est faite tuer ?! Bien sur il n’était pas la… personne n’était la… et tout le monde s’en fichait !

Une larme perla le long de ma joue, pas une larme de tristesse non, une larme de rancœur et de colère envers un soi-disant Prince qui s’est caché une année durant.

J’essuyais ma larme tout en ouvrant la porte de ma chambre, Samir Ys était la, ses ailes d’un blanc immaculé rayonnant sous la lueur rougeoyante du soleil couchant.

« Le Prince a ému les foules j’ai l’impression " dit-il de sa voix calme, la tête toujours tournée à travers la fenêtre ouverte. « Je crois qu’il a enfin regagné la confiance de certain… »
« Pas la mienne, loin de la ! »
Tout en tournant ses yeux noir vers moi, il fini sa phrase comme si je ne l’avais pas interrompu.
« … de certain de ses sujets qui commençaient a se poser des questions sur leur loyauté, mais toi évidemment tu ne fais pas partie de ses sujets »

J’eus alors un petit sourire, il savait exactement ce à quoi je pensais.

« J’ai des nouvelles intéressantes pour toi, j’ai "obtenu" des informations disant que l’assassin de Sophia se trouvait sûrement dans la forêt du Nord, celle qui borde le Ceth c'est-à-dire à … »
« Cyrosh ! »
« Exactement »

Cyrosh est une communauté paysanne qui s’était formée autour du Commandeur Zelandra, ancienne conseillère de feu Mandural. Celle-ci quitta Nedmor à peu près en même temps que Kaldrass pour échapper a la tyrannie de Galoregor.

« Alors si "il" se trouve à Cyrosh, c’est la que je dois me rendre »

« NOUS rendre, ne m’oublie pas dans cette cité en ruine s’il te plait … >_< ... Quand partons nous? »
« Le plus tôt possible, j’ai quelques affaires à régler ici et nous partons ensuite »

Avec un signe de tête, Sam s’envola par la fenêtre ouverte. Retirant ma cotte de maille et mes lourdes bottes, posant mon scutum et ma barbute a même le sol, je me couchais alors sur mon lit.
Tout devait être prêt pour mon départ, il me faudrait vider mon coffre et rembourser mes dettes. Je devais aussi donner quelques pièces d’équipement au jeune Koumai, dont notamment l’épée et le casque de ma sœur… Koumai est quelqu’un de bien, je pense qu’il les traitera avec le respect qu’ils méritent…

Kaldrass, pauvre diable, ce qui t’arrive est plus que tragique, mais c’est ton combat … pas la mien.

Je m’assoupis alors sur cette dernière pensée…